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Préface (extrait)
Le trésor des « Temps Pliés » de Stephen Blanchard
Faire une préface, c’est entrer par effraction – mais aussi par le silence - dans la vie de l’auteur de l’ouvrage. C’est encore fouiller le verbe offert dans les moindres recoins de son lexique. C’est enfin fondre son regard dans les reflets des poèmes, sorte de jonction délicieusement miraculeuse des battements de deux cœurs rendue possible par la force complice de la poésie. Et il la connaît bien Stephen Blanchard, au bout de cinq décennies à s’ouvrir à son mystère, cette puissance du chant qui nous vient du plus profond des millénaires, avec sa dose d’espoir et de résignation entremêlés.
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Il nous entraîne alors dans une élaboration fine qui n’exclut pas la force, de ses fondations de la poésie : « Rien ne garantit/la survie/d’un poème/à venir/quand l’écho furtif/des évidences/se consume/sur la mémoire du temps ». Ce à quoi est suspendue sa propre réponse, question vibrante dans l’essentiel de l’écriture : « Si ton chant commence à se taire/si l’on rit de tes poèmes/si l’on confond la rose avec l’ortie …/… que restera-t-il de tes rêves ». Nous pouvons effectivement nous interroger nous-mêmes en rajoutant ce codicille dans la connivence des mots qui sont « égrenés/sous les ors des silences » : si ton chant se terre. Certes non par la peur. Non par la honte. Non par la lâcheté. Mais simplement pour le respect qui vêt naturellement tous les mystères. Dans la continuité, vient poindre une réponse qui s’impose avec beaucoup de lucidité : « L’instant m’échappe/comme des pétales de brume/pendus aux lèvres de l’espoir ».
Ainsi lire Stephen Blanchard, c’est participer à une genèse qui dépasse le poète lui-même pour nous atteindre. Et de la sorte nous associer au miracle de la création. Cette seule voie, cette seule voix, pour accéder au sens du vivre. La poésie alors devient, dans chaque regard plongé dans sa musique, une nécessité de construction culturelle. Une voûte abritant la mémoire du fondamental qui guide les hommes sur le vecteur des heures. Il nous dit : « Regarde-toi poète/à l’ombre des miroirs/sans tain/ dans le refus/des leurres à venir/et du désir de plaire …/… il est grand temps/de retrouver/en soi/le murmure/des sources imaginaires ». Il nous dit. Sachons l’entendre.
Gérard BLUA
Écrivain, éditeur (gblua@orange.fr)