CONGOCÉAN

congOcéan revisite l’histoire congolaise et la construction de son chemin de fer reliant le centre du Congo Brazzaville à Pointe Noire, bouche vers l’océan, au prix de milliers de morts, d’un labeur forcené. La frontière, le chemin, la liberté, la soumission, le sillon, le coup de pioche sont autant de thématiques explorées, par le mot, le geste et la musique.

En résidence de création à Pointe-Noire au bord de l’Atlantique, les slameurs de Pointe-Noire et les impromptus ont initié une forme hybride, musicale, poétique, scénique mêlant écriture et improvisation sur le thème du CFCO.

Le CFCO, autrement dit Chemin de Fer Congo Océan fut l’une des épopées les plus faramineuses et désastreuses du XXe siècle au Congo Brazzaville : un de ces chantiers monstrueux de l’ère coloniale sur la rive droite du Congo.

Ô combien coûteux en vies humaines, le Congo-Océan fut le lieu de moult faits odieux mais aussi d’élans fraternels dans l’espoir d’un Chemin de fer, fer de lance et symbole d’une nouvelle économie et d’échanges fructueux dans ce pays fabuleux.

Quand Violaine, la hautboïste-danseuse du Concert impromptu, rencontre Auguste, le slameur à la voix d’outre-tombe, c’est pour jouer le drame de l’alliance du classique et du slam, c’est pour illimiter les langages avec un déploiement gestuel et lyrique qui, jouant du verbe comme du mouvement, déjoue les temps du mobile et de l’immobile, vers une autre dimension : expressionniste et bouleversante.

Autour du CFCO, les slameurs peignent une fresque épique brossant tour à tour différents paysages, différents tableaux, autant de scènes et d’évocations des multiples états de la condition humaine exprimée par ces femmes et ces hommes, filles et fils du slam. Les musiciens impromptus - aux instruments à vent issus de la grande mémoire du monde - et Julien Roux à la guitare électrique, créent la symbiose entre le souffle et le slam. Ils composent une partition protéiforme, à la frontière du bruitisme parfois jusqu’à des mélodies minimalistes : mais toujours pour servir, pour sertir et honorer le talent prolifique et énergique des slameurs ponte- négrins, toujours inspiré, toujours enflammé.