LES 1ères JOURNEES BLAISE CENDRARS : BLAISE CENDRARS, POETE SANS FRONTIERES

par Myriam Boucharenc

« J’aurai été un des premiers poètes du temps à vouloir mener ma vie sur un plan mondial », confiait Cendrars à la fin des années trente. Né suisse en 1887, devenu français en 1916 « par le sang versé », il considérait le Brésil comme sa « deuxième patrie spirituelle ». De Paris à Saint-Pétersbourg, du Tremblay-sur-Mauldre au Morro Azul, de Méréville à Hollywood, un inassouvissable désir de départ fit de lui un poète « du monde entier ». La légende s’en emparant eut tôt fait d’exalter le bourlingueur, quitte à simplifier le trait. Car ce n’est pas seulement à son démon du voyage que l’on reconnaît le poète sans frontières, mais aussi à son goût du franchissement perpétuel : franchir pour s’affranchir, se libérer de toutes les formes de cloisonnement. Tour à tour cinéaste, éditeur, grand reporter, auteur de pièces radiophoniques et même de publicités, ami des peintres comme des gangsters, il cultiva l’art d’être « tous les visages », ne cessant de déjouer les lignes de démarcation entre le prosaïque et le poétique, la réalité et la fiction, la vie et l’œuvre. Il n’était pour lui qu’un seul livre : celui que Descartes appelait « le grand livre du monde ».

Myriam Boucharenc, Professeur à l’université Paris-Nanterre, a publié la correspondance de Blaise Cendrars et de Raymone Duchâteau aux éditions lausannoises Zoé, édité les reportages de l’écrivain chez Denoël et contribué à l’édition de ses Œuvres romanesques dans la « Bibliothèque de la Pléiade ».