Sous les neiges du Samedi Saint – Poésies de Jean-Pierre LEMAIRE

Le poème est une forme esthétique, en lui-même, à part entière. La façon dont il occupe l’espace de la page, le retournement du vers, lui donne une forme plastique propre qu’il semblait opportun de laisser s’exprimer sans la concurrence de l’image. La beauté est là, à l’œuvre derrière ces mots noirs sur la page blanche, comme des traces de pas dans la neige.

Dans des métaphores séculaires qui lient l’âge de l’homme aux saisons, la neige est aussi le linceul de l’hiver mort. « Sous les neiges du Samedi saint » : temps de l’absence, temps où le Verbe se tait, temps du silence de mort, mais temps, déjà, de la germination d’une vie à venir. « Le monde en est toujours au Samedi saint » nous dit le poète. Il nous invite à déchiffrer notre quotidien pour y découvrir le mystère à l’œuvre, la présence sous-jacente qui nous libère de nos tombeaux. La promesse du printemps.

Allons à la rencontre de Pilate, Zachée, Simon de Cyrène, Pierre, Marie-Madeleine, visages sans doute familiers, que les poèmes de Jean-Pierre Lemaire nous invitent à redécouvrir. Les poèmes choisis parlent de ces rudes mystères que le temps du Carême nous donne à méditer : la montée de Jésus vers Jérusalem, son agonie, sa passion, sa mort, son ensevelissement. Mais déjà la vie sourd, et la résurrection est à l’œuvre.

Que ces lectures soient l’occasion d’un retournement des cœurs. Le temps du Carême nous invite à une conversion, un retour sur nous-même et sur notre présence au monde. La poésie aussi, par le retournement du vers, renouvelle à la fois le langage lui-même et les réalités qu’il explore. Elle change notre regard sur le monde, met en lumière la Présence cachée au cœur de nos quotidiens afin de nous permettre d’y habiter d’une façon plus neuve, plus vivante.